Internet, l'avenir de la presse

A l’appel de cinq confédérations syndicales, le mardi 4 octobre a été décrété journée de mobilisation nationale. Ce mouvement d’action sociale a été grandement couvert par les médias, que ce soit les jours précédents la mobilisation, le jour même ou les jours suivants. Et pourtant, un certain nombre d’entre eux ont eux-mêmes fait l’objet de grèves, entravant par là leur démarche d’information de la population, ce qui est d’autant plus gênant lorsque l’actualité est forte, comme ce fut le cas ce jour-là.

Si des appels à la grève ont été lancés à Radio France et à France 3 par des syndicats de journalistes, c’est surtout le marché de la presse quotidienne nationale qui a dû faire face à un mouvement social de la part des syndicats de distribution. Ainsi, seuls La croix et Aujourd’hui en France-Le Parisien, ont pu paraître, alors que les grands quotidiens nationaux comme Le Monde, Le figaro ou Libération étaient introuvables en kiosque. La distribution, le même jour, des quotidiens gratuits (qui, elle, s’est déroulée sans difficultés) apparaissait même comme un comble pour les éditeurs de ces quotidiens nationaux payants.

Pourtant, un certain nombre de personnes ont tout de même pu lire leur quotidien. Il suffisait pour cela de se rendre sur le site Internet de ces grands quotidiens nationaux, où là, la grève des imprimeurs ou des distributeurs n’a aucune incidence sur la possibilité des internautes de lire leur journal. Dès lors, les sites des quotidiens sont apparus comme complémentaires des journaux papiers, alors qu’ils ont longtemps été considérés comme des concurrents, et qu’ils le sont encore d’ailleurs en dehors des périodes de grèves. Cependant, au lieu de considérer la presse en ligne comme complémentaire ou concurrente des journaux que nous pouvons trouver dans nos kiosques, celle-ci n’est-elle pas, tout simplement, l’avenir d’une presse papier qui doit faire face à des difficultés plus générales que le simple fait de paraître en période de grève. Car le marché de la presse quotidienne nationale doit faire face à une importante concurrence. Celle-ci vient non seulement d’une presse quotidienne gratuite, qui, par définition, est plus attrayante d’un point de vue financier pour certaines personnes, même si, du point de vue du contenu, elle reste très loin de ce que peut apporter un quotidien payant d’information. Mais la concurrence émane aussi des médias audiovisuels, comme la radio ou la télévision, jugés plus réactifs. C’est le cas en particulier des chaînes d’information en continue qui proposent à leurs auditeurs et à leurs téléspectateurs une réactualisation constante de l’information. Dès lors, la presse en ligne apparaît comme le seul moyen pour les éditeurs de quotidiens d’information, d’informer la population en temps réel et donc de concurrencer les autres types de médias. Et ce, tout en conservant cette capacité d’analyse de fond propre à la presse.