Séisme politique au Proche-Orient
Le Hamas a nettement remporté les élections législatives palestiniennes. Cette victoire plonge la région dans une incertitude, alors que le parti islamiste devrait être chargé de former un nouveau gouvernement.
Les élections législatives palestiniennes s’annonçaient comme décisives pour l’avenir du Proche-Orient. Elles l’ont été, la victoire assez nette du Hamas provoquant un changement radical de la donne politique dans la région. Le parti islamiste a remporté 76 sièges sur les 132 qui composent le conseil législatif palestinien. Le Premier Ministre Ahmed Qoreï a présenté sa démission au Président Mahmoud Abbas, qui l’a accepté. Ce dernier devrait charger le Hamas de former un nouveau gouvernement. Un gouvernement auquel ne devrait pas participer le Fatah. C’est néanmoins une cohabitation qui s’annonce avec le Président de l’Autorité palestinienne, qui reste à son poste malgré la défaite.
Les palestiniens ont donc opté pour le changement. Ils ont sanctionné le Fatah, qui n’obtient que 43 sièges. Touché par la corruption, le parti fondé par Yasser Arafat n’avait jamais réussi à améliorer leur sort. Ils ont surtout fait le choix du Hamas. Pour leur lutte armée. Mais pas seulement. Le mouvement de la résistance islamique, créé en 1987, s’est positivement positionné dans les territoires palestiniens grâce à des œuvres caritatives en direction de la population.
Ce choix des urnes n’a pas été sans susciter l’inquiétude de la communauté internationale. Le Hamas, qui prône la destruction d’Israël, est en effet classé parmi les mouvements terroristes par Israël, l’Europe et les Etats-Unis. Ces derniers ont d’ores et déjà affirmé qu’ils ne dialogueraient pas avec le Hamas. De son côté, l’Union Européenne a précisé qu’elle accepterait de dialoguer avec le nouveau gouvernement tant que son objectif serait la paix. Jacques Chirac a, pour sa part, appelé le Hamas à faire « le choix de la paix, qui passe par la renonciation à la violence, la reconnaissance d'Israël et le respect des accords internationaux ». Quant à Israël, premier concerné par ce bouleversement politique, son gouvernement a affirmé que « l'Etat d'Israël ne négociera pas avec un pouvoir palestinien dont une partie est constituée d'une organisation terroriste armée qui appelle à sa destruction ».
La situation au Proche-Orient après les élections législatives palestiniennes est donc plus qu’incertaine. Le passé de l’organisation islamiste laisse peu d’espoir pour la poursuite du processus de paix. Malgré tout, son entrée sur la scène politique risque de contraindre le Hamas à déposer les armes et à devenir une véritable organisation politique. Et ce d’autant plus que les territoires palestiniens dépendent en grande partie de l’aide internationale… et de l’eau en provenance d’Israël. Ce dont les dirigeants du Hamas ont conscience et qu’ils devront prendre en compte dans leur stratégie politique.